L’objectif initial du projet CompoRum était une mise au point du phénotypage de la composition corporelle par trois méthodes innovantes. L’émulation collective nous a permis de mobiliser des ressources matérielles et financières complémentaires, ainsi que les compétences d’un ensemble de partenaires, répartis sur cinq sites INRAE, et trois instituts externes. Au final, huit méthodes ont été comparées à la mesure directe de référence de la composition chimique post mortem (broyage et analyses chimiques du corps vide). L’éventail des méthodes retenues combine à la fois des méthodes classiques et bien documentées comme la cellularité des tissus adipeux, l’espace de diffusion de l’eau deutérée, l’impédancemétrie et la note d’état corporel (NEC), avec des méthodes plus récentes et originales basées sur l’imagerie tridimensionnelle incluant la reconstitution complète de l’animal et l’estimation automatique de la NEC, l’échographie des épaisseurs des tissus sous-cutanés lombaires et sternaux et la tomodensitométrie (CT) du corps entier. Les variables issues des méthodes testées chez 20 chèvres Alpines ont été incluses dans des régressions linéaires pour estimer la composition chimique mesurée après abattage (eau, lipides, protéines, minéraux et énergie dans le corps vide). Par exemple, les meilleurs prédicteurs in vivo de la masse de lipides du corps vide associent le poids vif et : i) le volume de tissus gras mesuré par tomographie (R² = 0,92), ii) l’espace de diffusion de l’eau deutérée (R² = 0,91), ou iii) l’impédancemétrie (R² = 0,87)1. Les résultats obtenus contribuent à l’identification de la méthode la plus adaptée au compromis souhaité entre précision, coût et temps d’acquisition du phénotype en recherche ou en élevage de précision. Des nouvelles pistes de travail ont émergé : i) la comparaison de quatre méthodes pour l’estimation post mortem de la composition de la carcasse (imageries CT ou DXA, impédancemétrie, taille adipocytaire), ii) la contribution à l’exploration d’alternatives à l’utilisation d’animaux canulés via le recours au CT, et iii) l’exploration d’alternatives méthodologiques pour la détermination de l’espace de diffusion de l’eau deutérée, moins coûteuses (laser vs. IRMS), plus rapides (extraction de l’eau des fluides biologiques par centrifugation vs. cryo-distillation) et moins invasives (lait vs. sérum). Nous avons pu répondre à l’objectif central (comparer des méthodes), contribuer à la recherche à des alternatives aux animaux canulés, et explorer des alternatives plus simples et performantes pour l’analyse d’eau deutérée, qui inclue le lait comme matrice non invasive.