Plus de 50 expert-e-s suisses contribuent aux travaux de la Fédération internationale de laiterie FIL (International Dairy Federation IDF). Sur mandat de la branche, Agroscope gère le «Service spécialisé FIL / Codex». En collaboration avec la Commission suisse du lait (CSL), ce dernier assure à la fois la représentation et la défense des intérêts de même que le flux d’informations entre la FIL, les expert-e-s ainsi que la filière suisse du lait et du fromage. Voici quelques thèmes d’actualité.
Informations de l’automne 2020
Comme cela a été déjà décrit en mai 2020, l’étiquetage nutritionnel figurant sur le devant de l’emballage (Front-of-Pack-Nutrition-Labeling; FOPNL) constitue une question brûlante. Nous rendons compte des webinaires FIL sur les systèmes FOPNL, du Canada à l’Europe et jusqu’à la Nouvelle–Zélande. Les foyers de listériose dus à la consommation de fromage ou les salmonelles détectées pour de jeunes enfants en France durant l’année 2017, montrent l’importance de contrôler les agents pathogènes lors de la fabrication des produits laitiers. La FIL a rédigé une fiche d’information à ce sujet. Dans le troisième rapport sur la durabilité de la FIL, des auteurs d’Irlande, des Pays-Bas, de Nouvelle–Zélande, d’Afrique du Sud et des États-Unis présentent leurs mesures prises par rapport au changement climatique, à la biodiversité ainsi que l’amélioration de la qualité de l’eau dans leurs écosystèmes de production laitière. En plus des documents énumérés, d’autres informations ont été publiées.
Nouveautés concernant le «Front-of-Pack-Nutrition-Labeling»
Le Canada est en train de réviser ses recommandations nutritionnelles. Des symboles d’avertissements sont apposés si, par exemple, une portion d’un aliment dépasse de plus de 15 % l’apport quotidien en sel recommandé. Si cela devait être introduit tel quel, 50 % des produits munis d’un symbole d’avertissement seraient des produits laitiers. Le secteur laitier a pu montrer que la matière grasse du lait n’a pas d’effets négatifs sur la santé, mais dans certains cas, des effets positifs. Il estime en outre que le système devrait être adapté en conséquence. Dans le nutri-score français (A à E), 85 % des fromages français obtiennent la mauvaise note D. Le fromage ¼-gras à pâte mi-dure Formagella ticinese obtient quant à lui un C et l’Emmental doux, avec seulement 0,5 % de sel, un D. Tous deux sont en contradiction avec les recommandations nutritionnelles et l’objectif selon lequel le nutri-score doit permettre une différenciation claire au sein d’un groupe de produits. Le secteur laitier français s’engage afin qu’une meilleure évaluation des protéines et une teneur en sel plus faible soient «récompensées» lors de l’évaluation. L’EDA (European Dairy Association) souhaite que le système FOPNL soit volontaire, contrairement à l’intention de la Commission de l’UE. Actuellement, aucun système utilisé en Europe ne répond aux exigences de l’EDA: conformité avec les recommandations nutritionnelles nationales, fondée sur les principes scientifiques, harmonisées dans l’ensemble de l’UE. Dans le cadre du système «Health-Star Rating» (HSR) en Australie et en Nouvelle-Zélande, la branche a pu obtenir des améliorations pour le fromage sur la base des connaissances scientifiques acquises. Un aliment est toutefois davantage que la somme des nutriments (effet de matrice). La branche continue de s’engager en faveur d’une évaluation scientifique actualisée de la matière grasse du lait. Un rapport plus détaillé sur les webinaires en anglais est à disposition (voir à droite).
La FIL a également rédigé une prise de position au sujet des systèmes FOPNL ainsi qu’un document sur le profilage nutritionnel, comme base pour les systèmes FOPNL et des restrictions publicitaires.
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Informations complémentaires
Surveillance microbiologique de l’environnement de transformation
L’apparition de foyers de listériose dus à la consommation de fromage ou la détection de salmonelles dans des aliments destinés aux jeunes enfants en France, en 2017, montrent que le principe de la surveillance de l’environnement de production par rapport aux germes pathogènes n’est pas encore établi dans toutes les entreprises et pour tous les risques. La surveillance de la charge microbienne dans l’environnement de fabrication basée sur les risques fait partie des bonnes pratiques de fabrication. Cela permet de détecter de manière précoce des microorganismes pathogènes qui ne sont pas ou pas encore détectés lors de l’analyse des produits finis, en raison d’une contamination profonde, afin de renforcer les contre-mesures. Entre 2004 et 2020, diverses autorités du Canada, de l’UE, de Nouvelle-Zélande et des États-Unis ont introduit dans leur législation une surveillance basée sur les risques de l’environnement de fabrication quant à la contamination microbienne par des agents pathogènes. Le Codex Alimentarius recommande de faire la différence entre les surfaces en contact avec les aliments et les autres types d’environnement. L’ISO a aussi publié une norme pour l’échantillonnage environnemental en 2018. Il est important que des échantillons soient prélevés non seulement après le nettoyage et la désinfection, mais aussi pendant la production. La surveillance de l’environnement de production permet de définir des mesures pour maîtriser la contamination microbienne par des germes pathogènes: adapter la délimitation en zones, formation du personnel, adaptation du nettoyage et de la désinfection, élimination de niches infectées. IDF à établi une fiche d’informations.
Durabilité environnementale du secteur laitier: 3e rapport de la FIL
L’objectif principal de la FIL et de ses pays membres est l’atteinte des objectifs stratégiques de développement (ODD) des Nations Unies. Une alimentation suffisante et saine, de l’eau propre, un développement rural et urbain durable, une production et une consommation responsables ou des mesures visant à atténuer le changement climatique en sont quelques exemples.
Par exemple, le secteur laitier irlandais doit réduire les émissions d’équivalents (CO2eq.) et d’ammoniac, augmenter le puits de CO2, améliorer la qualité de l’eau et maintenir ou étendre la biodiversité, tout en augmentant fortement la production de lait. Le remplacement des engrais minéraux par le trèfle, la prolongation de la saison de pâturage, un élevage de vaches cohérent selon un indice d’élevage économique amélioré et des conseils en matière de durabilité sont quelques-unes des mesures des programmes nationaux pour une réduction des émissions liées à une optimisation des coûts. Toutes les exploitations ont été testées uniformément par rapport à leurs émissions de CO2eq., ce qui a contribué à la réduction des émissions de CO2eq. Ce programme national est mis en œuvre au niveau international par le biais des produits laitiers irlandais et de la viande bovine irlandaise.
Aux Pays-Bas, le secteur laitier a soumis au gouvernement un plan national d’action concret pour le climat. Ce plan doit être obligatoire pour chaque secteur économique afin de pouvoir continuer à poursuivre ses activités. La prise de conscience, la responsabilité et l’engagement à long terme des responsables d’exploitations agricoles sont considérés comme un facteur clé de réussite. Outre les responsables d’exploitations, d’autres domaines de la branche, comme l’industrie des aliments pour animaux ou les organisations d’élevage, sont soutenus à l’aide de conseils et d’outils. L’objectif visé est un secteur agricole neutre sur le plan énergétique d’ici 2030 grâce aux économies d’énergie et à la production d’énergie renouvelable. Des mesures dans d’autres domaines tels que les animaux et les aliments pour animaux, le stockage et l’application d’engrais, le sol et les produits agricoles sont définies. Le plan d’action est soutenu par l’ensemble du secteur laitier, des aliments pour animaux en passant par les exploitations agricoles jusqu’au produit fini ainsi que par le gouvernement et des ONG. Les conditions-cadres politiques pour atteindre les objectifs sont incluses dans le plan et celui-ci inspire déjà des innovations. Le plan d’action permet de réaliser une communication solide envers la société, les clients et d’autres parties prenantes.
En Nouvelle-Zélande, les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’agriculture représentent 49 % du total, dont la moitié provient de l’industrie laitière. En octobre 2019, le gouvernement a adopté un plan d’action pour réduire les émissions issues du secteur primaire, qui a été proposé par l’ensemble de la filière. Il fournit aux agriculteurs et aux cultivateurs les connaissances, les outils et le soutien dont ils ont besoin pour maîtriser et réduire les émissions et s’adapter au changement climatique, et ce, pour chaque exploitation. Les outils comprennent un prix pour les émissions de gaz à effet de serre par exploitation, le reporting des émissions, un plan d’action par exploitation, le conseil, un programme de plantation d’arbres, la mesure du puits de CO2 par exploitation et la reconnaissance des pratiques traditionnelles des Maoris comme prendre soin de la nature. D’ici 2025, toutes les exploitations agricoles devraient avoir mise en place un système pour la mesure et l’atteinte des objectifs.
D’autres programmes de durabilité environnementale d’Afrique du Sud et des États-Unis sont présentés.
Service spécialisé FIL /Codex: fiches d’information, prises de position
En plus des travaux énumérés, les informations suivantes ont été publiées:
- Fiche d’information relative à la sélection génétique (Fact sheet).
- Fiche d'information sur la fonction du lait et des produits laitiers pour soutenir le système immunitaire (Fact sheet).
- Prise de position de la FIL concernant l’impact du Covid-19 sur la sécurité de l’approvisionnement alimentaire et la nutrition: élaborer des réponses efficaces pour lutter contre la pandémie de faim et de malnutrition.
- Prise de position de la FIL sur une alimentation durable saine: équilibre entre aliments d’origine végétale et animale.
- Les fiches d’information relatives au fromage et au nitrate dans le fromage seront publiées prochainement.
Le Symposium sur le lait de brebis, de chèvre et d’autres laits non issus de la vache aura lieu sous forme virtuelle du 4 au 6 novembre 2020.