de g. à d.: Iris Bachmann, Sabrina Briefer, Miriam Baumgartner, Annik Gmel, Marie Roig-Poins, Maëlle Calas, Rebekka Gerber, Markus Neuditschko, Olivier Huguenin, Corinne Boss, Marianne Cockburn
Succès de la Journée de recherche équine 2023 à Avenches
Le 20.4.2023, le Haras national suisse d'Agroscope a eu le plaisir de pouvoir à nouveau organiser un événement très apprécié: la Journée de recherche équine à Avenches. Cette manifestation constitue une plateforme interdisciplinaire unique pour l'échange entre les scientifiques et tous les acteurs et actrices de la filière équine suisse. Elle s’inscrit dans un axe important du programme d’activité 2022-2025 d'Agroscope, qui met en avant la collaboration avec tous les acteurs de la chaîne de création de valeur.
Nouveautés
Après seize éditions de la manifestation et deux interruptions dues à la pandémie, le temps était venu d'introduire quelques nouveautés. Ainsi, la journée a été organisée pour la première fois sous forme hybride, ce qui a permis d'accueillir 150 participants sur place et plus de 100 personnes en ligne. Ces dernières se sont connectées depuis la Suisse, l'Allemagne, la France, l'Italie, le Luxembourg, l'Autriche et même la Tunisie! A l’avenir, la manifestation aura lieu tous les deux ans, en alternance avec la journée «Equiday» à Avenches, qui aborde des thèmes spécifiques plus proches de la pratique, souvent sous la forme d’une série de postes et de diverses démonstrations. Enfin, parallèlement à ces changements, le nom de la journée annuelle du Réseau de recherche équine en Suisse a été modifié en «Journée de recherche équine suisse».
Un programme varié
Les jeunes chercheuses et chercheurs qui ont participé à la première partie «Travaux d'étudiant-e-s» ont conquis l’assistance par leur fraîcheur. Le public a pu constater que les chevaux sont plus aptes à apprendre que ce que l'on croit parfois, du moins lorsqu'une récompense est en vue. Certains chevaux parviennent à communiquer leurs préférences par le biais d'un langage symbolique - ce qui ouvre la voie à des approches entièrement nouvelles de la communication entre l'animal et l'humain.
Le climat de l’écurie est un autre sujet traité par les jeunes chercheuses et chercheurs et qui semble leur tenir à cœur. Dans le CEN de Berne qui a fait l’objet de l’étude, le climat s'est avéré très bon, même sans système de ventilation. On a pu constater que le climat ne dépendait pas seulement du choix de la litière, mais aussi de la gestion de l’écurie en général. La litière usagée peut en outre être valorisée comme co-substrat dans les installations de biogaz grâce à un prétraitement à la vapeur.
La protection de l'environnement préoccupe également nos étudiantes et étudiants. Ils se sont penchés sur des solutions permettant aux centres équestres d’y contribuer en améliorant la biodiversité.
Enfin, un beau travail a été réalisé sur le slowfeeding et a montré que, utilisé pour ralentir le temps d’ingestion du fourrage par les chevaux, il se rapprochait davantage du pâturage naturel que la consommation de foin distribué sur le sol.
Une conférence importante
Le professeur invité Hanno Würbel a expliqué en détails comment reconnaître une recherche de qualité et comment avoir confiance dans ses résultats scientifiques. Trois critères doivent être observés: la recherche doit répondre à des questions pertinentes, respecter les règles de bonnes pratiques et assumer une responsabilité éthique.
Présentation d'études scientifiques actuelles sur la recherche équine
Dans le premier bloc de la journée, le public a appris à quel point il est important de savoir reconnaître les signaux subtils qui trahissent le stress chez des chevaux dont la personnalité est plutôt introvertie. Il faut également avoir un œil exercé pour pouvoir reconnaître les véritables amitiés entre les chevaux.
Le fait d'être un homme ou une femme se traduit par une attitude différente vis-à-vis du cheval et influence en particulier les contacts qu’on a avec l’animal. Qui aspire plutôt à un rôle dominant et qui cherche plutôt une relation harmonieuse entre l'humain et l'animal?
Les participantes et les participants ont aussi pu constater avec intérêt que notre race indigène, le franches-montagnes, est relativement peu consanguine par rapport à d'autres et qu'elle présente un pourcentage étonnamment élevé de pur-sang étranger, bien qu'aucun croisement de pur-sang ne soit historiquement prouvé.
Durant le deuxième bloc de la journée, une nouvelle méthode de saisie de la conformation a été présentée au public. Elle permettrait de sélectionner des gènes candidats relatifs à la santé et à la longévité chez le Lipizzan. En revanche, les mesures des angles des articulations des chevaux ne semblent pas permettre à elles seules de prédire la rectitude des allures. En ce qui concerne l'alimentation avec des filets à foin, une étude épidémiologique a dissipé les craintes des propriétaires de chevaux quant aux éventuels problèmes de l’appareil musculo-squelettique qui pourraient résulter de ce mode d’alimentation. Les personnes présentes ont également appris qu'il sera peut-être bientôt possible de protéger les chevaux contre la méningo-encéphalite verno-estivale causée par les tiques grâce à un vaccin humain. Enfin, des résultats ont été présentés concernant un marqueur très prometteur de la maturité des gamètes femelles chez les juments, marqueur qui pourrait éventuellement être utilisé pour établir des pronostics de la fertilité.
Dans le troisième et dernier bloc de la journée, il a été question de détention de chevaux. Les auditrices et auditeurs ont appris que les chevaux ont besoin de beaucoup plus d'espace qu'on ne le pense souvent pour pouvoir manger sans être dérangés lorsqu’ils sont détenus en groupes. Le fait que les chevaux urinent de manière atypique dans les distributeurs de nourriture interpelle les scientifiques et les praticiens. Par ailleurs, il semble prouvé, grâce à une étude récente, que le nouveau box social permet d'améliorer nettement la situation de détention des étalons sans que cela ait un impact négatif sur leur utilisation pour l'attelage.
Recherche participative
Pour finir, le public a été sensibilisé à l’immense potentiel et à la valeur de la recherche participative aussi appelée recherche citoyenne ou citizen sciences en anglais. Il s'agit d'une démarche dans laquelle des chercheuses et chercheurs ainsi que des personnes intéressées volontaires issues de la population collaborent pour mener des recherches communes. A l'occasion de la journée Equidays 2021 à Avenches, quelques tentatives de ce type ont pu être lancées afin d'acquérir de l'expérience et d'identifier les problématiques qui s'y prêtent.
Dr Iris Bachmann
Responsable du groupe de recherche Équidés
Agroscope, Haras national suisse HNS
Les travaux suivants ont été primés:
Meilleur travail d'étudiant-e (sponsorisé par B&M Agrotech)
Rebekka Gerber, «Valoriser la biodiversité dans les centres équestres»
Meilleur poster scientifique (sponsorisé par Identitas AG)
Annik Gmel, «La rectitude des allures dépend-elle de la morphologie?»
Meilleure contribution scientifique (sponsorisé par Commune d’Avenches)
Marie Roig-Pons, «L'utilisation de filets à foin présente-t-elle des risques pour la santé de nos chevaux?»
Prix du bien-être animal (sponsorisé par Fondation Haldimann)
Maëlle Calas, «Développement et test d'un dispositif permettant aux chevaux de communiquer leurs préférences en utilisant des symboles»
Prix du bien-être animal (sponsorisé par Fondation Haldimann)
Miriam Baumgartner, «Quel rapport animal-place d’affourragement respecte les besoins de l’animal dans le système des râteliers avec dispositif temporisé d’accès au foin?»