La collaboration internationale au niveau de la recherche permet de mieux protéger les abeilles

Honigbiene
L’abeille apporte une contribution indispensable à la pollinisation de nombreuses plantes cultivées et sauvages et est synonyme d’une grande utilité écologique et économique. Photo: Gabriela Brändle, Agroscope

Par son travail de pollinisation des plantes cultivées et sauvages, l’abeille fournit une contribution importante à l’écosystème, l’agriculture et donc notre alimentation. Comment la protéger des risques éventuels? Des chercheuses et des chercheurs en apiculture du monde entier se sont penchés sur cette question lors du symposium de l’International Commission for Plant-Pollinator Relationships (ICPPR) organisé par Agroscope.

Près de 160 expert-e-s apicoles de 20 pays différents se sont réunis lors du «The 14th International Symposium on Hazards of Pesticides to Bees» afin de débattre des risques que les produits phytosanitaires peuvent engendrer chez les abeilles et pour discuter des dernières connaissances et des solutions dans le domaine. Le symposium s’est tenu du 23 au 25 octobre 2019 à Berne. Agroscope a joué un rôle central avec son Centre de recherche apicole et en tant qu’organisateur. 

Le symposium s’est concentré sur la question de savoir comment optimiser les méthodes d’essai et les processus d’évaluation des risques afin de mieux protéger les abeilles mellifères et sauvages. «Des méthodes expérimentales sont constamment affinées ou de nouvelles méthodes sont mises au point, qu’il s’agisse d’essais en laboratoire ou sur le terrain, et sont combinées», a expliqué le Dr Jens Pistorius de l’Institut Julius Kühn (Allemagne) et responsable du comité scientifique du symposium. «L’objectif est d’élaborer des lignes directrices valables au niveau international pour identifier les risques et prendre des mesures optimales permettant de protéger les abeilles dans le cadre des produits phytosanitaires autorisés». 

En plus des validations de méthodes, qui sont importantes pour la poursuite de l’élaboration des lignes directrices internationales, des résultats de recherches effectuées sur des substances critiques nouvelles ou connues ont également été présentés et discutés. Ces dernières années, les travaux ont aussi été particulièrement intenses en ce qui concerne la mise au point de méthodes de test appropriées pour les abeilles sauvages. De nombreuses lignes directrices ont déjà été élaborées et adoptées au niveau de l’OCDE. 

«Le symposium a été couronné de succès. Les nombreuses et précieuses contributions et les discussions ciblées ont permis de renforcer la mise en réseau internationale de la recherche apicole d’Agroscope et de collaborer avec différents groupes comme des autorités, la recherche, l’industrie et des ONG», a déclaré Lukas Jeker, collaborateur scientifique au sein du groupe «Protection de l’abeille et pratiques apicoles» chez Agroscope et organisateur du symposium de cette année. «Chacun apporte une expertise et des connaissances spécifiques à son domaine. La combinaison de ces éléments engendre de nouvelles connaissances. Cela permettra d’améliorer les bases de la protection des abeilles et contribuera à affiner les tests et à évaluer l’impact des produits phytosanitaires sur les abeilles». 

Le Centre de recherche apicole suisse auprès d’Agroscope 

La Suisse est également impliquée dans la recherche apicole. Le Centre de recherche apicole d’Agroscope étudie entre autres des questions telles que l’impact de la pratique agricole sur les abeilles, la manière dont les maladies peuvent être maîtrisées ou les mesures que les apiculteurs-trices peuvent prendre pour obtenir un développement optimal des colonies. 

«La recherche apicole est importante pour garantir à long terme une pollinisation sur l’ensemble du territoire des plantes cultivées et sauvages», résume Jean-Daniel Charrière, responsable du Centre de recherche apicole. «Certaines prévisions montrent que les besoins en pollinisateurs, par exemple pour les cultures de fruits, de plantes oléagineuses, de légumineuses, etc., continueront à croître. En même temps, la densité d’abeilles diminue, en particulier celles des abeilles sauvages.» Cela s’explique surtout par le manque de possibilités de nidification et de nourriture. Les abeilles sauvages ont longtemps été marginalisées dans la recherche, mais on sait aujourd’hui qu’elles sont tout aussi importantes pour la pollinisation et la conservation de la biodiversité que les abeilles domestiques. «Plus nous en saurons à ce sujet, plus nous pourrons protéger les abeilles et contribuer ainsi au bon fonctionnement de la production de denrées alimentaires fraîches.» 

L’abeille: un rouage important de l’agriculture

Pour y parvenir, il faut tenir compte des besoins de l’agriculture, du consommateur mais aussi de la capacité de fonctionnement des écosystèmes. Agroscope suit cette approche en intégrant les besoins des abeilles dans différents champs stratégiques de recherche: ceux-ci vont d’un développement d’une protection phytosanitaire à faibles risques, en passant par une promotion de la santé des animaux et d’une détention conforme à leurs besoins jusqu’à l’utilisation de la génétique et de la sélection animales ainsi que la préservation de la biodiversité. Cependant, les besoins de la pratique apicole jouent également un rôle important. Outre des projets portant sur l’acarien Varroa et la lutte naturelle contre celui-ci, on recherche par exemple des critères de sélection pour les abeilles résistantes, des processus biologiques comme la structure d’âge au sein des colonies sont étudiés et les impacts environnementaux sur les abeilles sauvages et les produits apicoles sont analysés par rapport à des substances nocives. 

Agroscope contribue ainsi d’une part à la santé des abeilles et leur préservation et, d’autre part, à garantir la qualité des produits apicoles comme le miel ou la cire. Cela contribue à son tour à une agriculture durable et à la production des denrées alimentaires de qualité.

Dernière modification 04.11.2019

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