Nous faisons de la recherche pour la pratique, mais aussi avec la pratique. L'occasion de donner la parole à nos exploitations partenaires.

2025

Luca Löffel gère une exploitation maraîchère d'une cinquantaine d'hectares à Ins (BE). Il participe à différents projets de recherche avec Agroscope car la station d'essais "cultures maraîchères" y est installée sur 2 hectares. L'exploitant est d'ailleurs un habitué des essais: il collabore également avec l'Inforama du canton de Berne et la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL).
Avec Agroscope, Luca Löffel teste différents procédés de fertilisation azotée, la lutte non chimique contre les agents pathogènes du sol, les engrais verts ou encore la faisabilité des surfaces de promotion de la biodiversité en culture maraîchère.
"La recherche propose de bonnes approches", estime le maraîcher. Il n'y a pas encore de résultats directement applicables issus des essais car la station est encore jeune. Les recherches doivent être poursuivies quelques années avant de pouvoir livrer des recommandations solides, estime-t-il. "Il y a par exemple des pistes prometteuses dans le domaine de l'optimisation de la fertilisation azotée. Si les résultats actuels des essais se confirment sur plusieurs années, ce pourrait être intéressant pour la pratique".
Inversement, son expérience de terrain est aussi utile à la recherche. Dans le projet qui teste l'effet des surfaces de promotion de la biodiversité à proximité des cultures maraîchères, il a observé une augmentation importante de la pression des ravageurs, ce qui a péjoré la qualité des légumes, dont certains n'étaient plus commercialisables. "Nous l'avions déjà remarqué en le pratiquant sur notre exploitation mais le fait de le tester avec Agroscope a permis de confirmer scientifiquement nos observations", illustre le maraîcher.
04.04.2025

Michael Aebischer est à la tête d'une exploitation laitière mixte à Guin qui compte 70 vaches ainsi que le jeune bétail. Il participe depuis janvier 2024 au projet de recherche EffNMilk d'Agroscope.
Objectif? Comprendre comment la génétique influence la capacité des vaches à transformer les protéines fourragères en lait. Grâce à des analyses d'ADN, de lait, de sang et d’aliments, les scientifiques espèrent identifier les vaches les plus efficaces. A la clé: moins de pertes et une meilleure rentabilité.
Michael Aebischer fait partie des 42 agriculteurs engagés dans cette recherche. Il fournit des informations sur son exploitation et met ses vaches à disposition pour les prélèvements. En retour, il pourra savoir où il se situe par rapport aux autres exploitations en termes d'efficacité et s'il y a des différences importantes entre les bêtes de son troupeau. Ces informations lui permettront d'affiner la sélection de ses laitières.
14.02.2025

Donat Streuli, agriculteur à Warth (TG), participe au projet Smart-N de la station d'essais "Technologies intelligentes" d'Agroscope. Objectif de ce projet: améliorer la valorisation de l'azote par les plantes et réduire les excédents. Comment? En modulant la fertilisation à l'intérieur de chaque parcelle grâce aux nouvelles technologies.
Dans son blé d'automne, l’agriculteur utilise un épandeur d'engrais avec régulation automatique du débit qui se base sur une carte d’application. Cette carte utilise des images satellites et des échantillons de sol afin de définir la quantité nécessaire d'azote. Les apports sont ainsi automatiquement adaptés aux différents besoins à l’intérieur de la parcelle. La technologie qu'il teste lui semble prometteuse car elle peut être utilisée dans toutes les cultures ainsi que dans les prairies. Il la trouve aussi plus précise que l'épandage classique, notamment dans les champs aux formes particulières. D’après lui, si elle est utilisée sur toutes les parcelles de l'exploitation, elle permet de réaliser des économies d'engrais, donc de réduire les coûts.
Le projet est conduit depuis trois ans sur 7 exploitations-pilotes. Annett Latsch, la spécialiste d'Agroscope, relève que les excédents d'azote ont pu être réduits de 22% sans perte de rendement ni de qualité dans le blé. Au stade actuel de son développement, la modulation intraparcellaire de la fertilisation représente encore davantage de travail et des surcoûts.
07.12.2024

Barbara Schwab Züger gère l'exploitation fruitière Beerenland à Walperswil (BE). Son domaine est spécialisé dans la culture de fraises, à laquelle s'ajoutent d'autres fruits, comme les framboises et les myrtilles, ainsi que des asperges.
Depuis deux ans, une partie des fraises et framboises sont cultivées en système agrivoltaïque, c’est-à-dire sous des panneaux photovoltaïques. Les surfaces couvertes de panneaux représentent 0,2 hectares et servent à l'autoconsommation d'électricité.
L'exploitante explique avoir visité des systèmes aux Pays-Bas avant de se lancer dans le solaire et avoir trouvé important de pouvoir bénéficier de l'expérience des autres. Pour son propre projet, elle a donc jugé pertinent d'impliquer Agroscope dès le départ. Depuis deux saisons, la station effectue ainsi le suivi agronomique des fruits sous les panneaux.
"C'est très intéressant pour nous. Nous savons que chaque semaine, les mesures sont réalisées sur notre exploitation. Elles sont ainsi disponibles pour d'autres. Sans Agroscope, nous n'aurions pas le temps de faire un suivi aussi précis de nos cultures", explique l'agricultrice. La station suit deux autres exploitations qui cultivent des baies en système agrivoltaïque et peut ainsi centraliser les connaissances de la pratique dans ce domaine encore peu documenté.
Grâce au travail effectué par Agroscope, Barbara Schwab Züger a déjà adapté son système. Elle a par exemple amélioré son choix de variétés et revu sa méthode d'hivernage.
Chez Agroscope, c'est Jocelyn Widmer qui suit les paramètres agronomiques des fruits en système agrivoltaïque. Les premiers résultats montrent qu'il faut s'attendre à des rendements inférieurs sous les panneaux. La fraise est également plus compliquée que la framboise, surtout avec des variétés remontantes.
25.10.2024

Le souchet comestible, Stefan Liechti connaît bien: agriculteur à Schwarzhäusern (BE), il lutte depuis 14 ans contre la plante qui infeste près de la moitié de ses parcelles.
Depuis deux ans, l'agriculteur collabore avec Agroscope dans le cadre d'un essai de lutte sans herbicide. L’objectif de l’essai est de réduire la réserve de tubercules par un travail répété du sol selon le principe de la jachère noire. Il explique: «Un cours d'eau passe sur la parcelle, ce qui limite les possibilités de traitement avec des produits phytosanitaires. Mais ne rien faire n'est pas non plus envisageable. J'ai entendu parler de l'essai et je me suis porté volontaire. En participant à ce projet, j'ai une meilleure vision de l'état d'infestation de mes parcelles car Agroscope réalise des comptages. Et j'ai pu constater que dans mon cas, la lutte mécanique fonctionne mieux que la lutte chimique».
Pour Agroscope, c'est Max Fuchs qui gère l'essai. Sur la parcelle que l’agriculteur met à disposition, il compare deux machines de travail du sol en combinaison avec différents engrais verts. Résultat après un an: moins 20 à 60% de tubercules selon les procédés. Le spécialiste ajoute: «Agroscope n'ayant pas de parcelles infestées par le souchet, c'est précieux pour nous de pouvoir travailler sur des cas concrets en collaboration avec la pratique.»
12.09.2024

Aujourd'hui, rendez-vous à Leytron (VS), où la viticultrice Caroline Tramaux Rossier et son papa Marc-André ont testé et adopté deux cépages résistants développés par Agroscope: le Divico et le Divona.
"Il y a dix ans, en collaboration avec Agroscope, nous avons planté environ 10% de notre domaine avec le cépage rouge Divico et le cépage blanc Divona. Nous cherchions une manière de réduire les traitements dans nos vignes et l’option de planter ces cépages résistants aux maladies s’est présentée. Nous trouvions important d'être à la pointe et l'échange avec la recherche nous intéressait: nous nous sommes donc lancés.
Les scientifiques d'Agroscope sont régulièrement passés voir nos cultures et nous leur avons rapporté nos observations. En revanche, nous avons assumés seuls les risques liés à la mise en place de ces cépages.
En ce qui concerne les traitements, nous sommes satisfaits. A titre d'exemple, cette année, qui a été plutôt compliquée, nous avons dû faire onze passages dans nos autres parcelles contre deux dans ces cépages, et les grappes sont belles. Au début, nous n'en faisions même aucun, mais Divico et Divona ne sont pas 100% résistants et nous avons remarqué que l'état sanitaire était meilleur avec deux traitements. Au niveau de la commercialisation, c'est un peu plus compliqué car ces cépages ne sont pas encore très connus.
Pour nous, si la recherche arrive à rendre résistants les cépages établis dans la région, il y aura un véritable avantage. Mais nous n'allons pas en replanter prochainement. Par contre, nous allons continuer à collaborer avec la recherche dans d'autres projets, par exemple en ce qui concerne la vinification de la Petite Arvine.
29.08.2024
Dernière modification 29.04.2025