Le phosphore (P) est un nutriment crucial pour assurer une productivité optimale des cultures. Toutefois, les réserves de minéraux nécessaires à la production d’engrais phosphaté diminuent et il est désormais urgent de développer des solutions alternatives. Le recyclage de résidus contenant du P en fait partie et cette étude teste la possibilité de revaloriser le phosphite de calcium (Phi-Ca), un sous-produit industriel dont la quantité de P représente 5–10 % de l’importation pour les fertilisants suisses. Un essai en serre a été réalisé pour mettre à profit une culture d’engrais vert (EV) afin d’oxyder le phosphite pour fournir du phosphate à une culture subséquente de maïs. Les objectifs de cette étude étaient de tester les effets du Phi-Ca sur (i) la production et la concentration en phosphite (Phi) dans la biomasse de l’EV et du maïs, (ii) des indicateurs de fertilité biologique du sol et (iii) la teneur en P du sol disponible pour les cultures. Dans un sol argileux et un sol sableux, 38 kg P ha–1 ont été ajoutés avant le semi d’EV avec du Phi-Ca ou du super triple phosphate (STP) qui est un engrais de référence. Un contrôle sans apport de P a également été mis en place. La biomasse aérienne d’EV a été récoltée pour chaque pot après 8 semaines puis mélangée à la terre que contenait le pot. Après avoir rempoté le mélange terre/biomasse, du maïs a été semé et la biomasse aérienne a été récoltée après 8 semaines. Les biomasses aériennes d’EV et de maïs ont été pesées et la concentration en Phi a été mesurée. À la fin des cultures d’EV et de maïs, du sol a été collecté afin d’analyser le carbone microbien (Cmic), le carbone organique (COrg) ainsi que le P disponible (P-NaHCO3) pour les cultures. Les productions de biomasse aérienne d’EV et de maïs n’ont généralement pas été affectées ni négativement par la phytotoxicité du Phi ni positivement par le Phi-Ca ou le STP, car le P des sols n’était pas limitant. Des concentrations de Phi dans l’EV, variables selon les espèces et le type de sol, ont été détectées tandis qu’aucune trace de Phi n’a été observée dans la biomasse aérienne du maïs. Les effets du Phi-Ca et du STP sur le Cmic et la minéralisation du COrg ont été comparables et spécifiques au deux types de sol contrastés. À la fin des cultures d’EV et de maïs, le Phi-Ca a augmenté le P-NaHCO3 autant que le STP dans le sol sableux et davantage dans le sol argileux. Ce résultat est probablement dû à un relargage du P plus lent avec le Phi-Ca. Cette étude montre que, dans des conditions de sol contrastées, le Phi-Ca n’a pas eu d’impact négatif sur la fertilité biologique, qu’il n’a pas affecté l’influence de l’EV sur la culture de maïs et que le Phi a été oxydé durant la culture d’EV par des flores microbiennes contrastées.