Il est possible de réduire l’impact des produits phytosanitaires sur l’environnement
Agroscope, à la demande de la Fédération des coopératives Migros (FCM), a étudié les impacts environnementaux et les risques des applications de PPh selon les directives IP-SUISSE en comparaison aux applications de PPh selon les prestations écologiques requises (PER).
La méthode d’analyses de cycle de vie d’Agroscope, SALCA (Swiss Agricultural Life Cycle Assessment), propose une procédure d’analyse adaptée aux contingences agricoles. Elle sert à calculer les émissions directes au champ et à la ferme, et offre en outre une sélection de modèles d’estimation des impacts qui sont adaptés aux procédés agricoles.
Qu'est-ce qu'une analyse de cycle e vie?
L'analyse de cycle de vie quantifie et évalue les impacts environnementaux potentiels d'un produit ou d'un service. L'analyse de l'ensemble du cycle de vie, de la production des matières premières jusqu'à l'élimination ou le recyclage des déchets permet d'appréhender tous les impacts environnementaux liés à un système de produit. La méthode vise l'enregistrement le plus complet possible de tous les impacts environnementaux, afin d'identifier les dérives éventuelles de pollutions environnementales. La méthode est définie dans les normes ISO 14040 et 14044.
Quatre phases sont distinguées:
Définition de l'objectif et du cadre de l'étude
Inventaire (calcul des émissions et de la consommation de ressources)
Estimation des impacts
Interprétation
Développement de la méthode à Agroscope
L'analyse du cycle de vie a été conçue à l'origine pour les produits industriels et les services. C'est pourquoi l'objectif de la recherche d'Agroscope est de développer et de recommander des méthodes de calcul des émissions et des impacts environnementaux, nécessaires aux applications agricoles. Cette méthode rend possible l'application des analyses de cycle de vie à l'échelle de la culture, de l'assolement et de l'exploitation agricole. Les principaux secteurs d'application sont les grandes cultures et les cultures fourragères, ainsi que la production laitière et carnée, mais aussi l'évaluation des exploitations agricoles dans leur ensemble.
Les principaux développements spécifiques à l'élaboration d'analyses de cycle de vie des processus agricoles sont les suivants:
analyse systémique des processus de production agricole, p. ex. prise en compte de la multifonctionnalité
modèles d'émissions pour les processus spécifiques à l'agriculture comme le lessivage des nitrates, les pertes de phosphore, les flux de métaux lourds ou les émissions de méthane
méthodes d'estimation des impacts sur la qualité du sol et la biodiversité
Méthode d'analyses de cycle de vie SALCA
La méthode d'analyses de cycle de vie d'Agroscope, SALCA (Swiss Agricultural Life Cycle Assessment) a été conçue dans le but de fournir à tous les intéressés un procédé adapté aux contingences agricoles. Elle propose ses propres développements pour les émissions spécifiques et les catégories d'impacts ainsi qu'une sélection de modèles connus d'estimation d'impacts pour l'application des analyses de cycle de vie aux processus agricoles. La méthode a été développée à l'origine pour la Suisse, mais a été étendue depuis aux pays voisins, de sorte que SALCA est également employée dans des projets européens.
Inventaire
Nous avons développé plusieurs nouvelles méthodes pour calculer les émissions directes pour les inventaires environnementaux:
Le lessivage des nitrates est défini comme étant l'excédent après apport (minéralisation et fertilisation) et prélèvement par la plante. Le modèle tient compte aussi bien de l'enfouissement des engrais verts que du retournement de prairies. En outre, on ne compte systématiquement aucun lessivage pour toutes les cultures pendant les mois à faibles précipitations, mais où la croissance est intensive. Le nitrate qui reste à la fin de cette période est considéré comme exposé au lessivage. La méthode s'applique au Plateau suisse et a été développée pour les pays voisins.
SALCA-Métaux lourds:
Une méthode a été développée pour enregistrer les flux de métaux lourds. Les métaux pris en compte sont les suivants: le cadmium, le cuivre, le zinc, le plomb, le nickel, le chrome et le mercure. En tenant compte de l'apport en métaux lourds par les semences, les engrais, les produits phytosanitaires et les aliments pour animaux ainsi que par le phénomène de retombées atmosphériques, la méthode permet de déterminer l'apport dans les sols agricoles et les pertes dans les eaux de surface et les eaux souterraines. Un facteur d'allocation est utilisé pour distinguer les apports diffus de ceux dus à l'agriculture. La méthode a recours à des données génériques pour la Suisse.
Le modèle établi pour enregistrer les apports de phosphore tient compte des pertes dues à l'érosion du sol, au ruissellement de surface et au lessivage dans les eaux souterraines.
La catégorie d'impact Biodiversité comprend onze indicateurs (flore rudérale, flore ségétale, oiseaux, mammifères, amphibiens, mollusques, abeilles, araignées, coléoptères, papillons diurnes et sauterelles). Le potentiel de biodiversité rapporté à la diversité et à la composition des espèces de chaque indicateur est déterminé en deux temps. Dans un premier temps, les activités agricoles sont notées d'après leur impact sur les organismes. Dans un deuxième temps, les types d'habitats définis sont pondérés en fonction de leur importance pour les indicateurs. La note finale est le produit des notes obtenues dans chaque phase.
Dans la catégorie d'impact Qualité du sol, neuf indicateurs directs sont utilisés qui expriment l'effet de l'assolement sur le sol (profondeur, volume des pores grossiers, stabilité des agrégats, teneur en humus, teneur en métaux lourds, polluants organiques, activité microbienne, biomasse des vers de terre et biomasse microbienne). Le calcul de ces indicateurs directs nécessite des indicateurs indirects qui découlent des pratiques actuelles d'exploitation. Le modèle a été conçu de manière à saisir les variations de la qualité du sol à long terme.
Dans le cadre du projet ENDURE (European Network for the Durable Exploitation of crop protection strategies), financé par l'Union européenne dans le sixième programme-cadre, des facteurs de caractérisation ont été calculés pour les substances actives des pesticides selon les méthodes USES-LCA et EDIP 97. Les données nécessaires à la caractérisation ont été mises à disposition par l'Université de Hertfordshire et l'Institut Julius Kühn.