Chrysomèle des racines du maïs: un ravageur sous contrôle en Suisse

Changins, 02.04.2009 - La chrysomèle des racines du maïs, redoutable ravageur, est très présente en Amérique du Nord où elle a occasionné de lourdes pertes dans les cultures de maïs. Ce coléoptère se dissémine rapidement à travers le monde, à la faveur de la monoculture et de la mobilité humaine. En Suisse, il a été observé pour la première fois en 2000, au Tessin. Depuis, la surveillance constante d’Agroscope Changins-Wädenswil ACW et la stratégie de lutte mise en place (rotation de culture) permettent de contrôler le développement de ce ravageur.

Les quatre premières chrysomèles des racines du maïs ont été observées au Tessin en été 2000. Depuis, sur ordre de l'inspectorat phytosanitaire fédéral, des pièges doivent être placés à 200 endroits environ dans les régions de culture du maïs et, en cas de capture, une pause d'une année doit être respectée pour la culture du maïs dans un rayon de 10 km. Cette stratégie, associée à la rotation de culture, obligatoire au Tessin, a permis à ce jour d'empêcher la formation de foyers au nord des Alpes.                                                                                                                      

En Lombardie voisine, pour des raisons économiques, la rotation systématique des cultures a été abandonnée malgré la présence massive de chrysomèles. Il en résulte chaque année une nouvelle invasion au Tessin, mais les moyens de lutte mis en place réduisent le risque de dissémination vers le nord. La chaîne des Alpes constitue également une barrière efficace. En 2008, seuls 770 insectes ont été capturés au Tessin contre plus de 5000 en 2003 (année record). Cette importante amélioration s'explique en partie également par la mortalité élevée des larves, puisque la densité de population du ravageur fluctue de la même manière en Lombardie qu'au Tessin. En 2003, 60% des captures réalisées au Tessin l'étaient au nord du Ceneri et seulement 4% en 2008, ce qui renforce l'hypothèse selon laquelle les chrysomèles capturées au Tessin migrent chaque année à nouveau depuis l'Italie.

L'efficacité de la rotation des cultures
Agroscope ACW suit depuis 2003 le développement des populations de la chrysomèle des racines du maïs au moyen d'un essai comparatif incluant une parcelle de monoculture de maïs et 4 parcelles soumises à des rotations, dans la région du Mendriosiotto. Durant ces 6 dernières années, le nombre d'adultes capturés dans la parcelle de monoculture a été multiplié par 2 à 9 par rapport à la population d'origine et les premiers dégâts typiques de la chrysomèle ont été constatés après trois ans: les racines de maïs étaient attaquées à plus de 50%, et 30% des plantes montraient une nette tendance à la verse. Ensuite, on n'a plus observé de dégâts. Les populations de la parcelle de monoculture, influencées par les conditions climatiques, ont fortement varié et ont même diminué au cours des deux dernières années d'observation. Mais il y avait toujours d'importantes différences d'effectifs par rapport aux parcelles soumises à la rotation. Autre différence, l'apparition plus tardive (2-3 semaines) des adultes dans les conditions de rotation des cultures, peut-être parce qu'ils doivent migrer d'autres sites.

La stratégie de rotation des cultures est contestée à l'étranger ; elle a conduit, aux Etats-Unis, avec une rotation de maïs et de soja, à la sélection d'une sous-espèce de chrysomèle au comportement de ponte modifié et résistante à la rotation. Il existe aussi deux autres espèces de Diabrotica dont la plus longue diapause (pause de développement) leur permet de „sauter" l'année de soja. En Suisse, les rotations sont plus complexes et seule la sous-espèce de Diabrotica, sensible à la rotation, a été observée jusqu'à maintenant. Un tel développement sous nos latitudes est donc peu probable, au moins dans un futur proche. Les observations faites en Suisse montrent que la stratégie mise en place à l'époque est toujours valable: la rotation des cultures est une pratique ayant fait ses preuves en agriculture et qui répond aux nécessités de la lutte contre un organisme de quarantaine. Elle permet aussi de ménager l'environnement et d'économiser beaucoup d'argent. Pour Agroscope ACW, cela implique aussi la nécessité de poursuivre la surveillance attentive des populations de chrysomèles.  

La chrysomèle des racines du maïs
La chrysomèle des racines du maïs Diabrotica v. virgifera LeConte (Coleoptera: Chrysomelidae) est originaire d'Amérique centrale. Elle est devenue l'un des ravageurs les plus importants au monde à cause à cause de la monoculture intensive du maïs et l'augmentation de la mobilité humaine. La chrysomèle des racines du maïs est si dangereuse qu'elle a été mise au rang d'organisme de quarantaine avec lutte obligatoire.

Biologie
La chrysomèle appartient à la vaste famille des Chrysomelidae. En Amérique du Nord, il existe des centaines d'espèces du genre Diabrotica en Amérique du Nord, mais seule l'espèce Diabrotica v. virgifera a été observée en Europe. Ce coléoptère long de 5-6 mm est caractérisé par des élytres jaunes striées de deux bandes noires longitudinales. Sa taille et sa couleur peuvent légèrement varier, mais ses deux antennes noires, presque aussi longues que son corps, sont typiques. Au Tessin, la période moyenne de vol s'étend de fin juin à mi-septembre. Il n'y a qu'une génération par année et les adultes vivent 30 à 45 jours. Sous nos latitudes, les femelles peuvent pondre jusqu'à 600 œufs dans le sol. Les œufs hivernent dans le sol à une profondeur de 5-30 cm et sont exposés à une mortalité élevée (95-99%) selon le climat et le travail du sol. Les larves éclosent en mai. Elle se nourrissent exclusivement de racines du maïs durant 3-4 semaines, après quoi les adultes sortent de terre.


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